L’article précédent abordait la première étape de l’enregistrement des instruments électriques : l’interprétation et la prise de son. Dans cette seconde partie, on considère que tous les éléments musicaux sont fixés, édités, et que la mise à plat est établie. La session d’enregistrement touche presque à sa fin.
Il reste une ultime étape : le réamping des guitares et basses électriques.
La phase préparatoire

Recréer le contexte de la prise
Le réamping commence par une reproduction fidèle de la prise de son initiale :
- Le même ampli au même endroit.
- Le même micro, placé exactement de la même façon.
- Le signal DI est envoyé dans un boîtier de réamp, placé à l’endroit précis où se trouvait la DI pendant la prise.
On effectue ensuite un test d’écoute comparatif : le son d’ampli capté lors du réamp doit correspondre le plus possible à celui de la prise originale. Pour cela, on ajuste le potard de sortie du boîtier de réamp jusqu’à retrouver la même dynamique, le même grain, le même niveau perçu. Une fois cet équilibre atteint, le terrain est prêt pour la partie créative.
Choix du boîtier de réamp
Le choix du boîtier dépend directement de la DI utilisée à la prise :
- Prise de son faite avec la Palmer River Havel, réamp confié à la Palmer River Trave.
- Prise de son faite avec la Radial Pro DI, réamp confié à la Radial Pro RMP.
Ce couplage logique assure la cohérence du signal et le respect de son impédance d’origine, pour que tout ce qui suit — pedalboard, ampli — se comporte de la même manière qu’au moment de la captation.
La phase artistique

Affiner, sculpter, expérimenter
C’est ici que le réamping devient une véritable étape créative :
- Ajuster les réglages du pedalboard et de l’ampli en contexte, avec la mise à plat du morceau.
- Tester différents micros selon la couleur recherchée : SE VR2 Voodoo, Beyerdynamic M201, Sennheiser E609 pour la guitare ; Beyer M88, AKG D112, Aston Spirit pour la basse… (liste non exhaustive).
- Expérimenter les placements : distance, angle, position dans la pièce.
- Ajouter des prises room pour donner de l’air, de la profondeur, ou recréer la sensation d’une prise live commune avec la batterie.
On peut par exemple placer l’ampli dans la room utilisée pour la batterie et capter l’espace avec un couple MS ou Blumlein pour en rendu naturel, ou un couple AB omni pour un rendu plus large.
Cela crée un espace commun entre les instruments, une cohérence acoustique qui donne vie à l’ensemble.

Un travail collectif
Le réamping se fait toujours avec les musicien·ne·s. C’est un moment d’échange passionnant où l’on cherche ensemble le juste équilibre entre le son du/de la musicien·ne et celui du projet.
On ne corrige pas, on optimise. On garde ce qui fonctionne, on affine ce qui manque de relief. Le réamping devient ainsi un moment de création partagée, à mi-chemin entre la technique et l’artistique.
Et la DI dans tout ça ?
Une fois le réamping terminé et les phases alignées, la DI enregistrée pendant la prise de son initiale n’a plus d’utilité.
Si un son de basse DI est souhaité dans la production finale, on recrée une piste DI durant la session de réamp — à l’endroit le plus cohérent dans la nouvelle chaîne (après le boîtier de réamp, après le pedalboard, ou ailleurs selon le rendu recherché).
Cela permet d’intégrer ce son proprement dans le contexte global du mix.

Conclusion
Chez EMHR Studio, on applique cette méthode aussi bien aux guitares qu’aux basses, car elle repose sur une idée simple : capturer l’intention du/de la musicien·ne, puis sculpter le son dans son environnement.
Le réamping allie la spontanéité du jeu live et la précision du travail de studio. Il permet de clôturer la session d’enregistrement avec des instruments électriques qui sonnent à la fois vrais, puissants et parfaitement intégrés à la musique qu’ils servent — facilitant le mixage par la suite.